> Éclectisme et préciosité

Après trois ans de travaux, le Musée des Arts précieux Paul-Dupuy, qui abrite notamment une importante collection d’horlogerie ancienne, a rouvert ses portes à Toulouse.

Fils d’un riche commerçant en épices, Paul Dupuy (1867-1944) avait acquis en 1905 et restauré l’ancien hôtel particulier du procureur Pierre Besson situé dans le quartier des Carmes, afin de donner un cadre approprié à ses collections. Il y fonde un musée qui de son vivant porte son nom et sera qualifié à l’époque de « Cluny de la Ville rose ». Il abrite ses objets d’art, tableaux, sculptures, mobilier, objets ethnographiques, dessins, estampes, etc. Ses collections sont à l’image de Paul Dupuy : précieuses, éclectiques et à « contre-mode » — selon le terme employé par le premier conservateur du musée. Curieux de tout, Dupuy achète en effet à contre-courant des œuvres et des objets auxquels ses contemporains ne prêtent pas attention et dont l’intérêt patrimonial sera révélé par les générations suivantes. Légué à l’État par testament et rétrocédé à la Ville, il devient un musée municipal en 1948 : le Musée des Arts décoratifs et des Arts graphiques de la ville de Toulouse. Il réunit aujourd’hui un très important ensemble de pièces (150 000 objets/œuvres) couvrant une période de douze siècles, allant du Moyen Âge à 1939. Après plus de trois ans de travaux, rebaptisé Musée des Arts précieux Paul-Dupuy, il a rouvert ses portes cet automne, avec une nouvelle muséographie qui permet au musée de valoriser pleinement ses collections permanentes. Elle s’étend sur trois niveaux de l’édifice : sous-sol, rez-de-chaussée et premier étage. Le second étage reste dédié aux expositions temporaires.

Le parcours de visite offre de nouveaux espaces permettant d’exposer des objets qui ne pouvaient pas être montrés au public, telles que les collections de pré-cinéma et de cinéma, ou encore l’horlogerie d’édifice. Ces nouvelles salles montrent bien l’éclectisme des collections, leur préciosité et leur aspect parfois décalé. Au rez-de-chaussée et dans une partie du sous-sol, le Cabinet de préciosité est divisé en quatre espaces : « Le salon de faïence », « Précieuse nature », « Enfermer la préciosité » et «Préciosité profane, Préciosité sacrée ». La collection d’arts décoratifs y est composée de trésors religieux médiévaux, d’ivoires, de faïences toulousaines et régionales, mais aussi de verreries, du parement d’autel des Cordeliers (XIVe siècle), de la pharmacie des Jésuites du XVIIe siècle, de sculptures sur bois, d’armes… Au sous-sol, le fonds du musée dédié aux procédés d’optique du pré-cinéma, rarement exposé, est présenté dans Le Cabinet de projection. Au premier étage, s’étale la collection d’horlogerie ancienne, fleuron du musée : elle brille sur la scène internationale par la rareté des pièces, leur nombre et leur état de conservation exceptionnel. Horloges et montres de prestige, cadrans solaires et chronomètres y racontent l’histoire de la mesure du temps de la Renaissance au XXe siècle, de l’Europe jusqu’au Japon. Constituée à l’origine de la donation de l’horloger toulousain Édouard Gélis, elle s’est enrichie d’achats réguliers ces dernières années et de la donation en 2016 de l’ancienne collection de Georges Prin.

La nouvelle scénographie, signée Éric Benqué, est complétée par différents outils offrant aux visiteurs une expérience de visite augmentée : vidéos, bornes numériques, projections, application. Les travaux de rénovation ont également permis d’améliorer l’accessibilité : une nouvelle banque d’accueil a été créée, de nouvelles vidéos intégrées au parcours proposant des traductions en langue des signes ont été mises en place, une borne numérique située à l’accueil du musée et destinée aux visiteurs à mobilité réduite propose une visite virtuelle des collections présentées au sous-sol.

> Jérôme Gac

photo : Olifant dit “Cor de Roland” (XIe siècle) © Musée Paul-Dupuy, Toulouse
  • Du mardi au dimanche, de 10h00 à 18h00, au Musée Paul-Dupuy (13, rue de la Pleau, 05 31 22 95 40, museepauldupuy.toulouse.fr)